Le keffieh, kéfié ou kufiya, coiffure des bédouins arabes, est constitué d’un morceau de tissu plié et maintenu sur la tête par un cordon (Larousse). Cette coiffe traditionnelle des paysans arabes permettait surtout de faire la différence entre les ruraux et les citadins (qui portaient des tarbouches et étaient appelés des effendis).

À l’origine, le keffieh servait à protéger le visage du soleil et des tempêtes de sable. En coton pur, il permet aussi de se protéger du froid. Le keffieh s’est de nos jours généralisé au point de devenir un élément de costume commun à tous les bédouins et à tous les paysans d’Arabie et du Moyen-Orient. Aujourd’hui, le keffieh est porté par toute la population arabe de la péninsule arabique, d’Irak, de Jordanie, de Syrie, et dans une moindre mesure en Afrique du Nord (en Égypte par exemple).
La coiffe a d’ailleurs été popularisée par Yasser Arafat, leader de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine), dans les années 1960 pour devenir ainsi l’emblème des Palestiniens et le symbole de la résistance contre Israël et le sionisme.

Le keffieh est rouge et blanc dans presque tous les pays plus à l’Est de la Palestine (Jordanie, Émirats, Arabie Saoudite, Yémen et Irak), elle y porte d’ailleurs le nom de shemagh dans ces régions. Mais en Palestine, le keffieh est en général noir et blanc sauf pour certaines fractions politiques:
- Les membres du Hamas (Harakat al-muqawama al-islamiya ou Mouvement de résistance islamique) portent un keffieh vert (référence à l’islam) et blanc.
- Les membres du Fatah, (Harakat atttahrir al-wataniyy alfalastiniyy ou Mouvement national palestinien de libération) portent un keffieh noir et blanc.
- Les membres de FPLP (al-Jabha al-Shaabiyyah li-Tahrir Filastin ou Front populaire de libération de la Palestine), l’organisation de Georges Habache et Ahmed Jibril qui joint l’OLP en 1968 portent un keffieh rouge et blanc.
Les années 1930:
Contrairement à ce que l’on croit, le keffieh est un symbole politique palestinien qui existe bien avant la création de l’État d’Israël et le début de la lutte armée contre la colonisation sioniste.
C’est pendant le soulèvement mené par Izzal-Din al-Qassam, en 1936 contre la présence britannique sur le sol palestinien, que les leaders de l’insurrection imposent le port du keffieh à la population en solidarité avec le « Jihad » et les « Jihadistes ». Une décision surtout stratégique puisque le port du Keffieh permettait aux combattants de se fondre dans la foule après chaque action violente. C’est ainsi que le Keffieh fixa les bases d’une identité palestinienne nationale en utilisant la tradition bédouine. Deux années plus tard, ce sont les femmes arabes, musulmanes et chrétiennes, qui doivent se voiler et c’est ainsi que des femmes palestiniennes ont porté le Keffieh, coiffe exclusivement masculine jusqu’à présent.

Les années 1960:

À la fin de la Seconde Guerre mondiale et l’arrivée massive de juifs sur les côtes palestiniennes, le keffieh est déjà officiellement un symbole du mouvement national palestinien.
Pourtant, ce n’est qu’à partir du milieu des années 1960 que le keffieh fait son entrée et apparait dans les médias et dans le monde, en partie grâce aux actions spectaculaires des fedayins de la résistance armée palestinienne mais aussi grâce à l’ambassadeur et le leader de la cause palestinienne, Yasser Arafat. En Europe, pendant cette période, le keffieh apparait dans les milieux de gauche pro-palestinienne et chez les tiers-mondiste.

L’une des figures les plus emblématiques de cette résistance était et est encore Leïla Khaled, militante du FPLP palestinien, aujourd’hui membre du Conseil national palestinien, portait fièrement son keffieh tout en portant sa cause nationale identitaire et celle de l’émancipation féminine sur les épaules.
Les années 2000:
Le keffieh s’est internationalisé au fil des ans devenant même LE symbole palestinien et celui du militantisme pacifiste dans le monde. Cette coiffure a même été immortalisée dans une chanson à la gloire d’Arafat, « Al-Kufieh » («hausse le keffieh et agite-le»).
Aujourd’hui, le Keffieh reste le principal emblème de la cause palestinienne quelque soit la méthode de résistance choisie, violente ou pacifique. Il est par conséquent systématiquement porté autant par les terroristes que par des officiels du gouvernement de l’Autorité Palestinienne ou encore par le Hamas. Il a même de plus en plus d’adeptes dans les milieux néo-nazis, en Allemagne notamment, puisqu’il est lié, généralement à tort, à une cause antisémite.
Enfn, le Keffieh n’est plus porté que par des militants. L’industrie de la mode, profitant de l’effet de mode pendant les 2 intifadas, ont fait de ce foulard un accessoire à la mode comme un autre.
- La maison Balenciaga a sortie sa version relookée qui coûte environ 1500 euros, suivie par toutes les enseignes de prêt-à-porter.
- Il devient un must-have dans toutes les boutiques trendy et un accessoire essentiel pour tout militant de gauche.
- On a même vu le Keffieh version israélienne, bleu comme le drapeau israélien avec une étoile de David, initiative qui divise d’ailleurs les observateurs arabes, perçu tantôt comme une énième humiliation, tantôt comme un hommage culturel.
- Les fabricants locaux palestiniens de Keffieh sont aussi victimes de cet effet de mode qui a attiré les chinois, devenu principaux producteurs et exportateurs, détruisant ainsi peu à peu la production locale.


Le keffieh devenu un accessoire de mode comme les autres demeure malgré tout un symbole de la lutte populaire. Porté par Che Guevara, Colin Farrel mais aussi Hugo Chavez, il est un signe de soutien à la cause palestinienne et contre la politique du gouvernement Israélien.