L’ alévisme en Turquie (Partie 2) – Les différences entre alévis et sunnites ?

Lire aussi L’alévisme en Turquie (Partie 1) Une identité complexe et multiple

Les différences entre alévis et sunnites ?

Si certains chercheurs considèrent les alévis comme constituant un groupe social distinct des sunnites, d’autres semblent les voir plutôt comme deux communautés différentes. Ce qui est sûr c’est qu’il existe bel et bien une endogamie qui sépare les deux ensembles. Une endogamie qui semble de moins en moins respectée avec l’exode rural et l’immigration.

Cependant les relations entre les alévis et les sunnites ont longtemps et presque toujours été caractérisées par des frictions : les alévis sont souvent stigmatisés par les sunnites à cause de leurs pratiques religieuses « atypiques ». Certains sunnites hanéfites les considèrent comme des mécréants (« gavur ») alors que d’autres comme des « gens du livres ».

Les études anthropologiques sur le terrain ont montré qu’un grand mythe s’est crée autour des alévis permettant la circulation de toute sorte d’images et de stéréotypes. Par exemple, ils sont considérés par certains comme impurs puisque la viande qu’ils mangent n’est pas halal et la mixité dans leurs cérémonies religieuses laisse certains croire qu’ils se livrent à des orgies sexuelles.

Dans cet ordre d’idées, plusieurs pratiques des alévis insupportaient et insupportent toujours la majorité sunnite et à ce sujet on trouve principalement la mixité encouragée par les alévis, la consommation de l’alcool (une autre tradition à Sorgun* veut qu’une bière soit consommée le matin de la fête du sacrifice, Kurban bayrami) ou encore le fait d’accepter le Coran mais de remettre en cause sa véracité.

Benoît Fliche (dans le livre Identités et politique. De la différenciation culturelle au conflit), dont le terrain anthropologique et sociologique était la ville conservatrice d’Anatolie centrale Sorgun* peuplée à un tiers d’alévis conclu quant à lui, que les différences entre les deux groupes ne semblent pas significatives. Ainsi, selon lui, les deux communautés vivent ce que Freud a appelé le « narcissisme de la petite différence ». Cependant, cette « petite différence » dont nous parle Benoît Fliche a quand même réussie à justifier religieusement et politiquement plusieurs siècles de persécution en Turquie.

*Sorgun: Ville turque anatolienne.

Coup de coeur L’Orient Expressif

Un court reportage de Istanbuloscope sur les alévis de Turquie.


Bibliographie


À Suivre

  • Partie 3: Entre persécution et engagement politique

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